Une après-midi shopping peu fructueuse, et me voici à quelques rues du Regent's Park., où le troisième tome de Millénium et le soleil attendaient patiemment mon arrivée. Ça faisait des semaines que je n'avais pas, tout simplement, pris le temps. Il m'était impossible de me poser deux secondes, que ce soit pour boire un café, regarder un film ou tout simplement me reposer. Cet instrument de malheur, appelé plus communément "téléphone", ne semblait pas vouloir s'arrêter de sonner. C'est à 16h20 précise que j'avais dit stop. Tout juste après m'être fait arrachée des mains la robe Marc Jacob dont je rêvais depuis des mois, tout ça parce que mon responsable venait de m'envoyer un message. Le mot weekend ne devait pas apparaitre dans son vocabulaire ! Pestant contre le monde entier, j'étais sortie du magasin furax et avais jeté mon téléphone dans la première poubelle venue.
C'est une fois arrivée au volant de ma mini que je me sentis .. libre ! Incroyable, et pourtant un objet qui semblait aussi insignifiant qu'un téléphone portable m'avait totalement transformé. Je me rendus compte alors que je faisais fausse route. Ce n'était pas le téléphone qui m'avait changé, mais plutôt mon nouveau stage ! Est-ce que je devais le jeter, lui aussi aux oubliettes ? Je secouais énergiquement la tête tout en démarrant la voiture. Je rêvais de cette place depuis trop longtemps.
Grâce à Dieu, je trouvai une place assez rapidement. Étant passée maître en l'art des créneaux, l'affaire était bouclée en 5minutes. Sourire aux lèvres et marchant tranquillement en direction du parc, je levais les yeux au ciel, pensant y voir du bleu, seulement du bleu ... Mais ce que je vis dépassait tout entendement. En l'espace de quelques secondes un épais nuage grisâtre s'était formé au dessus de Londres. Une bourrasque de vent souleva ma robe que je rattrapai de justesse et la plaquai contre mes cuisses. Sans vraiment y réfléchir je continuais d'avancer vers le parc, espérant que ce n'était qu'un petit caprice du ciel.
Depuis le temps que j'étais à Londres j'aurais du savoir. La pluie commença à s'écraser sur le sol. De grosse goutes, épaisses, capables de nous tremper de la tête au pied en quelques secondes. D'ailleurs c'était exactement l'état dans lequel j'allais me trouver si je ne m'abritais pas.
A quelques mètres de là, les platanes m'offraient un parfait refuge. Précipitant mon pas incertain, j'arrivai à destination trempé. Tout en rejetant mes cheveux en arrière, je cherchai frénétiquement un paquet de cigarette tout au fond de mon sac.
Merde, pestai-je intérieurement, en me promettant pour la millième fois de faire le tri dans ce foutu sac !
C'est alors que je sentis une présence. Il était vrai que je ne devais pas être seule dans les allants tours, et encore moins la seule à vouloir s'abriter ! Je me tournai doucement vers ma gauche et vis un jeune homme assis sur le banc. Était-il là depuis le début ou venait-il d'arriver ... A vrai dire j'étais tellement préoccupée par mon envie de cigarette et mes cheveux mouillés que je n'avais pas fait attention.
J'avais abandonné l'idée de trouver mon pêché mignon dans mon sac, même pas un morceau de chocolat pour me réconforter. Hésitante, pendant quelques minutes, je restai plantée debout à frissonner. La pluie ne semblait pas vouloir s'arrêter de tomber, je pensais alors à retourner vers ma voiture, m'enfermer dedans, mettre le chauffage à fond et attendre. Mais rien que la perspective de marcher avec mes boots blanche dans la boue m'y fit renoncer.
Je tournai une nouvelle fois la tête vers le jeune homme. Il ne semblait pas s'apercevoir de ma présence. Je m'approchais à pas feutrés et m'assis sur le seul et unique banc qui se trouvait dans les parages .. le sien. Tout en laissant une distance raisonnable entre nous, je sortis Millénium du fin fond de mon sac et commençai la lecture.
Au bout de la troisième phrase je décrochai, impossible de me concentrer, j'étais glacée. Jetant un regard discret à mon voisin de banc, je m'aperçus qu'il restait de marbre. Impossible de décrypter s'il était énervée par ce temps, amusé, ou s'il s'en moquait.. Il dut sentir mon regard puisqu'il dirigea le sien sur mon visage. Un regard froid, qui, tout comme son visage était impossible à interpréter.
Sale temps, dis-je dans un demi-sourire.
Dieu m'avait faite sociable, j'y pouvais rien.. Même seule avec un type dans un parc de 2 hectares, il fallait que je parle, à défaut de fumer. Je fermai le livre d'un coup sec et le rangeai. Attendant la réponse de l'inconnu, j'en profitai pour mieux le dévisager, sans le paraître. Sans qu'il ait eut à prononce un mot je le trouver plein de charisme. Très peu d'homme était capable de ça. Son regard autant que son style vestimentaire en disait peu et long à la fois. Je commençai tout juste à imprimer dans mon esprit les traits de son visage lorsque j'entendis sa voix ...